• Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en BretagneLes Anaon en breton ce son les âmes des Défunts. Anaon est un mot breton qui désigne l'ensemble des âmes des défunts, nous pouvons dire en Breton pour un seul d'entre eux, "Un anaon" ou "unan eil hag a zo bet Anaon" ou en parlant d'un proche décédé, "Hennezh/honnezh e veze deuet un anaon". Le nom vient du Brittonique anciens et ça a donner en gallois le nom de l'autre monde avec le  mot gallois "Annwvyn" ou "Annwn" qui désigne l'Autre Monde, le monde après la mort. En Bretagne, les âmes en peine soit les Anaon qui n'ont pas traversés le voile de l'autre monde et qui attentent que le portier ou le gardien des portes de l'autre monde l'Ankoù viennent les chercher en charrette ou en bateau pour entreprendre se voyage. Ces âmes reviennent chaque année sur leur terre au moment de Dez an Nedeleg ou Nedeleg soit au Solstice d'hiver et à Noël. Ils reviennent dans leurs contrés, dans les bois, sur les rivages, ou dans les champs, dans les villages ou les villes ou ils ont vécu autrefois. Durant ces nuits d'hiver en Bretagne ils se mêlent au monde des vivants et accompagnent les moindres faits et gestes du quotidien, si bien qu'il est d'usage, afin de calmer leurs souffrances et d'apaiser leurs plaintes de leur adresser prières et offrandes. Surtout en fin de repas durant la période des Gourdezioù (les douze jours de yule). Pour les personnes qui étaient des plus affreuses durant leur vis en Bretagne nous pensons pour les "Païens" que les Anaon doivent rester en Abred (dans le monde de la matière et des épreuves) ou si les Anaon sont chrétiens, les bretons définissent cet état comme une sorte de purgatoire sur terre. Et les Anaon devraient s'ils n'ont pas de famille envers lesquels prendre refuge et qui prient pour eux et leur fond des offrandes pour qu'ils passent dans l'autre monde, prier pour eux même et en restant dans les landes ou les montagnes de Bretagne sur une grosse pierre jusqu'à ce qu'ils se délivrent d'eux même ou que l'Ankoù les voit et vienne les chercher pour les prendre sur sa charrette des morts. Il est alors important de faire attentions durant l'hiver et la période de Nedeleg quand on se promène dans la nature, car si un importun vient les déranger durant cette période et alors ils devront recommencer toute leur prière dès le débuts. Si l'importun revient plusieurs fois déranger le même Anaon se dernier peux abandonner ses prières et venir le hanté jusqu'à sa mort exigent ensuite que ce dernier prie avec lui pour qu'ils passent tout les deux de l'autre côté dans le pays des morts celui de l'île aux pommes ou dans un autre. Une coutume des Monts d'Arrée dit que quand nous voyageons de par la lande en hiver et que nous devons franchir un talus planté d'ajoncs, il nous faut faire du bruit, tousser ou taper dans nos mains pour avertir les Anaon de notre passage, avant de dire à voie haute en Français ou en Breton: "Si l'Anaon est là paix à son âme!/Ma an Anaon e vez amañ peoc'h vo bet war e ene!" afin de leur permettre de s'éloigner tranquillement pour continuer leurs prières. Ensuite une fois rentrer chez nous, nous pouvons prier pour eux également, même si nous ne les connaissions pas vraiment. 

    Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    En Bretagne autrefois Monsieur Anatole Le Braz nous rapporte dans un de ses livres l'anecdote suivante:

    Monsieur Dollo se promenait un jour à la campagne, en compagnie d'un Monsieur de la ville. Le chemin qu'ils suivaient était bordé d'une double haie d'ajoncs. Le monsieur tout en marchant, s'amusait à étêter à coups de canne les pousses des branchages et des bruyères qui dépassaient des autres. Monsieur Dollo lui prit brusquement le bras en lui disant: "S'il vous plais mon cher ami arrêtez ce jeu! Songez que des milliers d'âmes accomplissent ici leurs prières parmi les ajoncs et les bruyères et que vous les troublez dans leur pénitence.

    Kef an Anaon: La bûche des DéfuntsAnaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    En Bretagne, on laisse toujours au moment de Nedeleg une buche dans le feu, sous les cendres de la cheminée afin que les âmes des Anaon qui ont toujours froid, viennent s'y réchauffer. Le feu est entretenu dans l'âtre par une bûche appelée en Breton "Kef an Anaon" la bûche des défunts. Il y a aussi des bûches pour les vivants, celle qui brûle la première le soir du 24 décembre est appeler "Kef Nedeleg" la bûche de noël. On retrouve la même coutume en Ecosse avec la Yule's log (la bûche de Yule) et puis c'est devenu un très bon gâteau de noël. Pour les défunts nous devons prendre garde à placer un tison allumé sur le trépied brûlant ou à laisser quelques braises dans le foyer de la cheminée. Il est important de prendre soin à ce que les Anaon ne se brûlent pas sur l'antre de la cheminée, ni les anciens qui venaient autrefois passer leur soirée de chaque côté du feu en comptant leurs mémoires ou des légendes. Autrefois on laissait aussi un sceau rempli d'eau, afin que les Anaon puissent venir se laver. De même il ne faut pas passer le balai dans la maison après le coucher du soleil durant la période de Gourdezioù, car on risquerait de balayer avec la poussière, les âmes des morts qui à cette heure-là ont la permission de retourner dans leur ancien logis et qui visitent leur famille qui prient pour eux et pensent à eux durant cette période de l'année. Si le vent fait rentrer la poussière, il ne faut pas la jeter dehors une seconde fois, sinon on prend le risque d'être dérangé et réveillé en sursaut par les âmes défuntes. Il était autrefois d'usage de dresser un repas bien en évidence sur la table à l'usage exclusif de l'Anaon. En base Bretagne, on dispose ainsi des crêpes et du lait ribot pour les Anaon, et à défaut de respecter ces actes simples d'hospitalité post mortem, l'âme tourmentée du mort reviendra hanter les lieux sous forme de spectre ou de feu follet. 

     

    Le sort de l'âme d'un mort à Nedeleg:Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    Pour ceux qui meurent à Noël il est dit que pour savoir si l'âme du défunt deviendra un Anaon pour lequel il nous faudra prier il faut observer le Prêtre qui célèbre son enterrement car il est dit on en Bretagne, averti, au moment où le cercueil touche le fond de la fosse, si l'âme du mort passera dans l'autre monde assez vite ou si l'Anaon errera sur terre en recherche de prières pour qu'on l'aide à passer. Aussi, lorsque le Prêtre ferme tout de suite son livre, en quittant la tombe, et se dépêche d'expédier le chant de son office, c'est qu'il n'y à plus rien à faire de plus pour lui le mort deviendra un Anaon est ce serra à ses proches de prier pour lui, ou au défunt lui même de prier sur la lande ou les montagnes Bretonnes. 

     

    Les âmes errantes:

    En prolongement directe de la période que le druidisme ou les paganismes ont ouvert avec la période de Samhain ou Vetrnaetr. La période qu'on appelle aussi en Bretagne Gouel an Noz-Kala-Goañv, la période de Gourdezioù ou plutôt des douze jours de Yule est indissociable de la mort et des défunts, surtout pour nous en Bretagne ou tout l'hiver est lié à la mort et à la magie de l'ancien temps. Avec le vent qui semble hurler dans les sapins au sommet des Monts d'Arrée les portes de l'autre monde s'ouvrent et les nuits de Yule se peuplent de toutes sortes de revenants, d'esprits effrayants ou de Trolls frappeurs. Les âmes des Anaon errent de toutes parts. L'invisible se révèle en devenant visible aux mortels, et ce que nous sentons toute l'année en vivant en Bretagne, les esprits ou les souvenirs de l'histoire dans les lieux ou nous vivons, se manifestent à nous durant les nuits mystérieuses du milieu de l'hiver. Les dieux, les fées, les lutins et les défunts, tous reviennent sur le monde terrestre et peuvent croiser notre chemin. Mais le plus souvent nous pouvons voir les âmes en peine coincées entre différentes dimensions, des ectoplasmes et des fantômes, des poltergeists et des revenants. Les C'hoarnerezed Noz ou Lavandières de Nuit  sont quand à elles des entités à éviter absolument, elles sont proches des Bean-Sidhe d'Irlande ou d'Ecosse et nous apporte que du malheur ou la mort. Certains Bretons dissent d'elles que se sont des fées mais qu'elles sont maléfiques et qu'elles ont la fâcheuses tendance à se jeter sur l'imprudent qui aura été attiré par leurs voix au bord du lavoir ou d'un ruisseau, à la tombée de la nuit. Une fois qu'elles ont attrapées quelqu'un souvent un homme beau et jeune, elles tenteront de le noyer sans aucune pitié dans le lavoir ou la rivière. On comprend ainsi pourquoi il était déconseillé de se rendre au lavoir pour y faire sa lessive entre le solstice d'hiver et le jour de l'An. On risquerait de s'attirer toutes sortes de malédictions. Le pire étant les cimetières durant ces nuits d'hiver. On risquerait là encore de rencontrer toute sorte d'esprits et de subir les attaques et les tourments des Anaon les plus tristes et les plus redoutables pour nous. De même il est préférable de ne pas se rendre au sommet des montagnes ou dans les bois durant cette période pour ne pas croisé la chasse sauvage et ses esprits chasseurs, qu'elle soit dirigée par Cernunnos, l'Ankoù ou Odin lui même...

     

    Les restes des nuits de Gourdezioù:

    En Bretagne la nuit de Nedeleg/Noël s'appelle en Breton "Noz ar pellgent" (Nuit des merveilles) car il y a énormément de facéties qui sont faites par le petit peuple des Korrigans et des Elfes. Les animaux se mettent à parler le langage des hommes, mais ceux qui se risquent à écouter ce qu'ils disent mourront avant l'aube. Durant la nuit à minuit le squelette de l'Ankoù vient frôler de sa cape noire ceux qui ne passeront pas l'année. Les voyageurs nocturnes prennent le risque de le croiser à chaque carrefour. La même nuit les dolmens s'entrouvrent pour révéler les trésors maudits qu'ils abritent, tandis que les menhirs s'en vont boire dans l'océan entre le premier et le douzième coup de minuit. Les sorcières courent nu pieds dans les bois pour cueillir l'herbe d'or (le gui). Dans la baie de Morlaix les Morganed sortent des eaux et ces sirènes séduisent les jeunes hommes restés seuls durant cette période de gourdezioù et elles les emmènes sous les eaux pour si perdre et y mourir.  Dans la baie des Trépassés résonnent les chants lugubres des Anaon chargées sur le bateau des morts le Bag-noz de l'Ankoù se font entendre. Voici toute les légendes et les croyances de Bretagne qui ont donné naissance à une mythologie noire et à une fascination de la peur, un respect des morts et des esprits en cette période, des croyances qui nous conduisent à nos risques et périls, à la rencontre des Anaon et qui montre qu'il n'y a pas que le Tad-Nedeleg (le Père Noël) et ses cadeaux ou ses sucreries durant les douze jours de Yule.

     

    Anaon Nedeleg: les âmes des Morts à Yule en Bretagne

    Sources:

    "La Petite Encyclopédie du Merveilleux" par Edouard Brasey, éditions du Pré aux Clercs. 

    "La Légende de la Mort" par Anatole Le Braz, éditions Au bord du Continents. 

    "Energies Sacrées-Les runes" par Arz Bro-Naoned, éditions Trédaniel. 

    "Les 12 Nuits sacrées de Yule" par Fabrice Coyote Muracciole, éditions Vega. 

    "Mythes Celtiques" par James Harpur, éditions Elcy. 

    Ecrit par Eikthyrnir Odinson

     

     


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